L’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les Droits Humains (ACDH), une organisation oeuvrant dans la ville de Goma, au Nord-Kivu, a dénoncé les violations massives des droits humains liées aux activités de la société « Kibali Gold » et aux investisseurs Chinois dans les mines de la République Démocratique du Congo (RDC).
Dans un communiqué de Presse rendu public le week-end dernier et consulté par LaFortuneRDC.net, l’organisation précise que les communautés locales, en particulier celles du Haut-Uélé et du Sud-Kivu souffrent gravement de l’exploitation de leurs ressources naturelles, sans autant bénéficier d’une compensation adaqute ni d’une de leurs conditions de vie. Dans le document, l’ACDH asbl décrit les incidents « dramatiques » qui impliquent les habitants de la province du Haut-Uélé, notamment au village de Mege.
« (…) La violation du droit au logement décent des plusieurs ménages dans la province du Haut-Uélé par la société Kibali Gold, sans aucune compensation pour ceux qui ont rejeté l’indemnisation imposée par la société Kibali Gold via le Gouverneur du Haut-Uélé et son administrateur du territoire de Watsa; l’utilisation disproportionnée de la force pour déloger en toute illégalité les habitants du village de Mege où Kibali Gold compte élargir ses exploitations d’or sans tenir compte des droits des personnes qui détiennent des habitations et des moyens de subsistance sur cet espace. Appauvrisement de la population en la contraignant d’abonner ses moyens de substance (sources d’eau, champs, écoles, services sanitaires) et autres conditions de vie auxquelles cette population était déjà habituée sans lui indiquer un nouveau milieu de réinstallation qui, d’après le principe Don’t Harm repris dans les normes environnementales et sociales de la banque mondiale, doit plutôt contribuer à l’amélioration de ses conditions de vie et non pas les faire régresser« , a noté Me Olivier Ndoole secrétaire exécutif de l’ACDH et prix Tulipe 2024.
Selon l’organisation, des témoignages rapportent que des actes de violence et de torture infligés à ceux qui ont résisté à ces explosions, en violation flagrante de leur droit à l’intégrité physique. L’ACDH précise que l’approche de « Kibali Gold » soutenue par les autorités provinciales est non seulement « illégale » mais aussi « inhumaine ».
« Les tortures, coups et blessures infligés à plusieurs habitants de Mege ayant tenté de résister ou refuser d’abandonner leurs logements, ont été tout simplement à une violation systématique de leur droit à l’intégrité physique« , prévient l’ACDH asbl.
Exploitations minières Chinoises, entre corruption et violations des Lois de la RDC
Par ailleurs, l’organisation « ACEDH » a dénoncé les pratiques des investisseurs Chinois qui, selon elle, violent régulièrement les lois de la RDC, notamment en matière d’immigration et de lutte contre le blanchiment des capitaux. L’ACDH alerte que plusieurs exploitants Chinois opèrent dans les carrières minières sans autorisations légales. L’organisation illustre par les récentes arrestations de ressortissants Chinois dans la province du Sud-Kivu avec 12 lingots d’or et au moins 800 000 dollars américains en liquide. Ceux-ci auraient tout de même transporté des appareils en violation des lois en vigueur au pays.
Ces comportements sont, selon l’ACDH asbl, symptomatiques d’une attitude générale de corruption et de non-respect des règlements en RDC, où la complicité des autorités locales, dans certains cas, permet à ces investisseurs Chinois de poursuivre leurs activités en toute impunité.
« Quand aux investissements Chinois, il se constaté des violations systématiques et intempestives des lois de la République Démocratique du Congo en matière d’immigration, de lutte contre le blanchiment des capitaux et anticorruption. Plusieurs exploitants Chinois se permettent de vivre dans les carrières minières sans avoir des autorités, c’est le cas des 16 Chinois arrêtés au Sud-Kivu et qui sont volatilisés dans la nature avec des indices sérieux de corruption et de trafic d’influence ; à cela s’ajoute les droits autres Chinois ayant été arrêtés toujours au Sud-Kivu avec une somme importante des devises en dollars américains transportés en mains en violation des dispositions de la loi sur la lutte contre le blanchiment des capitaux en RDC« , rapporte l’ACDH.
Des conséquences dramatiques pour la RDC et les habitants
L’organisation ACEDH rappelle que les effets de ces pratiques jouent sur la réputation internationale de la RDC. A en croire Me Olivier Ndoole, le pays est désormais mal perçu dans le cadre de la lutte contre la corruption, ce qui décourage d’ailleurs les investisseurs « sérieux » et nuit à l’image du pays. Selon l’ACDH, la corruption généralisée dans le secteur minier entraîne également des pertes fiscales considérables, compromettant ainsi le financement des projets gouvernementaux et l’effort de guerre du pays.
Pour faire face à cette tragédie, l’ACEDH appelle le Gouvernement congolais de prendre des « mesures concrètes » pour protéger les populations locales localement, notamment en imposant à la société Kibali Gold de cesser immédiatement les expulsions forcées et de procéder à une relocalisation respectueuse des droits humains des habitants de la province du Haut-Uélé. Au même moment, l’ACEDH asbl invite l’ambassade de la Chine en RDC à rappeler à l’ordre des investisseurs Chinois afin de les sensibiliser aux conséquences de leurs pratiques illégales et destructrices.
« […] L’ACEDH recommande au Gouvernement de la RDC de prendre très au sérieux les violations des droits humains dont sont l’objet, les populations de Mege, territoire de Watsa, province du Haut-Uélé, en imposant à la société Kibali Gold de cesser immédiatement avec les tortures et de la chasse à l’homme et de procéder à la relocalisation consentie des populations se trouvant sur son périmètre. A l’ambassade Chinois en RDC de rappeler à l’ordre ses citoyens en leur renseignant sur les conséquences que les citoyens Chinois encouragent en RDC notamment celle d’être indexés et qualifiés de piliers des ressources naturelles de la RDC et destructeurs de l’environnement », insiste l’organisation.
Enfin, l’ACEDH appelle le Ministre d’Etat en charge de la justice et garde des sceaux d’ouvrir des enquêtes pour identifier et poursuivre les responsables des violations des droits humains au village Mège ainsi que ceux impliqués dans l’infiltration des ressortissants Chinois arrêtés sans visa au Sud-Kivu.
Magloire Tsongo à Goma