Du 27 au 29 juin 2024 se tenait le World of Coffee à Copenhague, au Danemark. World of Coffee, c’est le plus grand salon réunissant les acteurs de l’industrie du café dans le monde. Y étaient présents, deux délégués des coopératives congolaises appuyées par Agriterra. L’un des deux participants, Gilbert Makelele, président du conseil d’administration de la société coopérative des planteurs novateurs de café du Kivu, SCPNCK, revient sur les « acquis » de ce périple.
Avant le début du salon, Jim Liseki, conseiller senior en coopératives chez Agriterra, déclarait : « Nous attendons de ces coopératives qu’elles élargissent leur portefeuille d’acheteurs internationaux et qu’elles organisent des réunions en face à face pour recueillir des informations précieuses. Cela leur permettra d’établir des relations solides et de fidéliser leurs clients. En outre, les interactions avec les torréfacteurs fourniront des informations sur le profil du café grâce à des séances de dégustation, ce qui permettra d’ajuster la production et le traitement ».
L’espoir est permis, en témoignent les sourires affichés, durant les 3 jours du salon, par Gilbert Makelele, de la SCPNCK, et Aimé Byamungu, responsable marketing de la SOPACDI (Solidarité pour la promotion des actions café et le développement intégral). La SCPNCK, tout comme la SOPACDI, œuvrent dans la province du Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo. Et pour Gilbert Makelele, la mission est remplie et la moisson a été bonne.
« Au World of Coffee, nous avons rencontré plus de 200 acheteurs ».
C’est à son retour au pays que je discute avec lui, à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC : Gilbert Makelele a les étoiles dans les yeux quand il parle. « Au World of Coffee, nous avons rencontré plus de 200 acheteurs de café, s’enthousiasme-t-il. Pour nous, c’était très important de participer au salon World of Coffee. C’était une occasion en or pour les petits producteurs, que nous sommes, de rencontrer les acheteurs internationaux de café ».
« Ce périple nous a permis de rencontrer notre meilleur acheteur de café, This Side Up, une entreprise des Pays-Bas qui achète notre café à 7-8$ le kilo. This Side Up vend aux torréfacteurs en Europe. Cette entreprise nous a connectés à d’autres acheteurs, comme Bo Bybo Coffee des Pays-Bas, Cumpa de l’Allemagne, Virunga Blue Mountains Coffee de la Belgique. Ces trois entreprises ont commandé notre café via This Side Up. On était à 50 sacs de commande de la part de This Side Up avant ce salon. On va passer à 200 sacs de café vert, avec l’espoir d’atteindre un containeur entier (320 sacs) dans un avenir proche », annonce Gilbert.
Actuellement, la SCPNCK produit annuellement 5 conteneurs de café. Le plan d’action de la coopérative est d’exporter 8 conteneurs chaque année. Pour l’instant, tous les 5 conteneurs sont exportés en Europe, à 5 clients : Ethiquable, Maison P. Jobin & Cie SAS, EFICO et This Side Up.
Au-delà des acheteurs européens, Makelele annonce que des contacts avec des acheteurs américains, japonais, … ont été amorcés lors du salon World of Coffee. L’intérêt des acheteurs est venu de la dégustation des cafés congolais. « J’ai participé à des séances de dégustation de notre café. Ce qui a encouragé de nombreux acheteurs à commander plus de café », glisse le chairman de la SCPNCK.
Au-delà des acheteurs, rencontres avec divers autres acteurs
« A Copenhague, nous avons eu une réunion avec Small Holdr. En partenariat avec Agriterra, nous, les coopératives, allons travailler sur le respect de la nouvelle réglementation de l’Union Européenne sur la déforestation (EUDR). Nous allons prouver que notre café ne contribue pas à la déforestation. Cela nous permettra de pouvoir exporter notre café dans l’espace Schengen à partir de janvier 2025. C’est notamment la certification biologique (que nous, SCPNCK, avons déjà) et la géolocalisation des petits producteurs de café. C’est surtout sur cet aspect que va consister le travail avec Small Holdr », souligne encore Makelele qui ajoute que prendre part au World of Coffee « nous a permis d’entrer en contact avec les fournisseurs d’équipements à café dont nous avons besoin : grain pro, sacs à jute, hygromètres ».
Et, comme les coopératives ont besoin d’argent, « nous avons discuté avec des prêteurs éthiques comme Kampani, Alterfin, SIDI, Rabobank, Root Capital. Nous avons rencontré Kampani, Root Capital, Rabobank. Et établi des contacts téléphoniques avec IncoFin, SIDI et Alterfin. Nous travaillons déjà avec SIDI et Root Capital. Le salon à Copenhague a été une occasion de réchauffer les liens ».
Le président de la SCPNCK dit avoir aussi rencontré, au cours du salon, un partenaire intéressé par le programme de l’agroécologie mis en place par les petits producteurs de café en vue de capter le crédit carbone dans un futur proche.
Des échantillons, il en faut plus
« En allant à Copenhague, nous avions près de 60 kilogrammes d’échantillons de café des coopératives KACCO, MUUNGANO, SOPACDI et SCPNCK. Vous savez quoi ? Ce n’était pas suffisant comme échantillons. Tous les 200 acheteurs voulaient avoir des échantillons du café de la République démocratique du Congo. Le travail à faire maintenant, c’est de collecter suffisamment d’échantillons pour les envoyer aux clients potentiels », renseigne Gilbert Makelele, qui remercie Agriterra « de nous avoir accompagnés pas à pas dans notre participation à ce salon ».
Agriterra a soutenu la participation des coopératives congolaises au salon World of Coffee 2024 de plusieurs manières : coordination de la logistique de l’événement, organisation des réunions de préparation pour améliorer leur stratégie de marketing et la présentation commerciale des coopératives du Kivu, mise en place d’un stand pour que les coopératives puissent présenter leur café et organisation des réunions avec des acheteurs potentiels au cours du salon au Danemark et d’autres réunions aux Pays-Bas.
Agriterra accompagne la SCPNCK et la SOPACDI ainsi que d’autres coopératives de café arabica des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dans le cadre du projet TRIDE, transition pour le développement inclusif à l’Est de la RDC. Projet financé par le Royaume des Pays-Bas et mis en œuvre par le consortium composé de ZOA, VNG International et Agriterra.
Par Merveille Kakule Saliboko, consultant en communication Agriterra