En marge de la célébration de la journée mondiale des Rangers prévue ce mercredi 31 juillet 2024, le Parc national de la Maïko, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est révélé au monde. Pour cette journée, le rôle indispensable des gardes forestiers dans la préservation de la planète est à l’honneur.
Cette année, le thème de la journée est « 30 by 30 », basé sur la convention des Nations-Unies sur la diversité biologique 2022 , où un cadre mondial pour la biodiversité (CBD) a été adopté par les dirigeants et les décideurs du monde entier à Kunming’-Montreal au Canada à la COP15. L’initiative 30 X 30 vise à protéger et gérer 30% des terres, des eaux douces et des océans d’ici 2030. Cet objectif ambitieux nécessite une conservation efficace de ces espaces pour garantir la biodiversité et la résilience écologique dans le Monde. Cependant, cet objectif ne peut pas être atteint, selon Alain Mukiranya, assistant du Directeur du Parc national de la Maïko, sans une main-d’œuvre spéciale disposant de ressources et d’une formation adéquates.
Au premier rang de cette main-d’œuvre se trouvent les gardes forestiers et les travailleurs des zones protégées, qui comprennent le personnel employé de l’Etat, les peuples autochtones, les gardiens communautaires, bénévoles, ONG ainsi que le secteur privé. Généralement, les rangers sont toujours en première ligne et travaillent sans relâche pour la sauvegarde des forêts, des rivières et des océans qui abritent d’innombrables espèces. Leur travail comprend la protection, la conservation, la surveillance, les services aux visiteurs, la gestion des incendies, l’application de la loi, l’éducation, le soutien aux communautés et la réglementation de l’utilisation durable.
« C’est important par ce que notre planète est confrontée à des grands défis. Du changement climatique à la perte de la biodiversité, notre monde naturel a besoin des protecteurs dévoués et courageux. Les gardes forestiers travaillent jour et nuit, souvent dans les conditions difficiles, pour lutter contre le braconnage, empêcher les activités illégales et restaurer les écosystèmes.Les gardes forestiers montrent comment la passion peut créer le changement et que nous avons tous un rôle à jouer dans la protection de notre planète », relate Alain Mukiranya, un des Rangers devoué et zoologiste de formation.
Quid des Rangers en RDC?
En République Démocratique du Congo, les rangers jouent un rôle important dans la préservation des écosystèmes et de la faune. Leur travail est souvent dangereux et difficile, surtout dans des régions en proie à l ‘insécurité s. Les parcs nationaux sont menacés par les milices armées. Ces groupes insurgés assiègent les aires protégées, créant un climat de violence qui rend le travail des rangers extrêmement périlleux.
Actuellement, le Parc national des Virunga est assiégé par la rébellion du M23-RDF. Par ailleurs , au Parc national de la Maïko quelques milices maï-maï Simba, ULPC, Shokoro, Kabido et dernièrement par les Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans les alentours. Les Parcs nationaux de Kahuzi-Biega et d’Upemba sont également secoués. Il en est de même pour la Réserve de Faune à Okapi. Selon Alain Mukiranya, ces milices, groupes, mouvements, rébellions, ne facilitent pas le travail aux rangers. Ceux-ci s’affrontent régulièrement avec ces milices, ce qui a conduit à des pertes tragiques des certains gardes forestiers et à une détérioration de la sécurité dans ces aires protegées. Ces affrontements compromettent les efforts de conservation nécessaire pour atteindre les objectifs de l’initiative 30 X 30.
Depuis le 31 juillet 2023, les statistiques de la Fédération Internationale des Rangers (IRF) révèlent qu’actuellement on compte environs 28 600 rangers partout dans le monde dont plus de 147 de 37 nationalités ont perdu la vie en assumant leurs fonctions, notamment 74 décès en Asie, 42 en Afrique dont 16 en République Démocratique du Congo, 11 en Amérique Latine, 6 en Europe tous en Ukraine, 6 en Amérique central, 1 en Amérique du Nord et aucun cas en Océanie.
Un travail des Rangers sans relâche pour protéger le Parc national de la Maïko méconnu et pourtant très riche
Alain Mukiranya, ranger au sein de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature à la Maïko regrette que les Rangers de cette aire protégée ne soient pas valorisés par l’humanité, pourtant avec travaillant hardiment pour la protection du dernier refuge du Gorille de Grauer, l’Okapi, l’ élephant de forêt et du Paon Congolais.
Pour lui , la communauté internationale doit reconnaître la bravoure des gardes forestiers du Parc de Maïko et soutenir des initiatives visant à renforcer leur sécurité et leur efficacité. Il insiste que cela doit passer par un soutien aux programmes de formation, de financement et de coopération internationale, ainsi que par des actions pour stabiliser ce joyeux parc national, situé à l’Est du pays.
A haute voix, Alain Mukiranya souligne que la réussite de l’initiative 30 X 30 repose en grande partie sur les Rangers dont des hommes et femmes dévoués qui, malgré les dangers, continuent à se battre pour protéger le Parc national de Maïko qui dispose des nombreuses espèces animales et végétales rares et endemiques.
Pour rappel, l’idée de célébrer la Journée Mondiale des Rangers ou gardes parcs date de 2004 lorsque Sean Willmore, un garde forestier devenu cinéaste, s’est lancé dans une mission visant à mettre en lumière les défis auxquels sont confrontés les gardes forestiers dans le monde. Et C’est en 2007 que la première journée fut célébrée par la Fédération Internationale des Rangers (IRF) promue en collaboration avec « The Thin Green Line Foundation » .
Cette journée est célébrée pour commémorer les « Rangers » tués ou blessés dans l’exercice de leurs fonctions et pour célébrer le travail que les gardes forestiers accomplissent quotidiennement. C’est aussi une occasion de réfléchir du courage et au sacrifice des Rangers, en rendant hommage aux Rangers tombés sur le champ d’honneur et en soutenant les Rangers qui assument courageusement leur rôle.
Magloire Tsongo à Goma