Paneliste lors du dialogue social organisé ce jeudi 04 juillet 2024 dans la ville de Goma par Congo Nouveau asbl , Me Jovial Bakulu membre de l’Alerte Congolaise pour l’Environnement et les droits de l’homme (ACEDH), une organisation oeuvrant pour la protection de la nature et la défense des droits humains a captivé les participants sur les enjeux critiques entourant l’exploitation du pétrole dans le graben de la République Démocratique du Congo (RDC).
Dans son brillant exposé, Me Jovial Bakulu a mis en lumière les defis autour de l’exploitation des hydrocarbures pour les communautés, et surtout les écosystèmes. A l’occasion, il a insisté la « sauvegarde sociale et environnementale » des communautés congolaises avant toute décision sur l’exploitation pétrolière. Pour lui, il est indéniable que la protection de l’environnement doit être au coeur de toute politique Gouvernementale concernant les blocs pétroliers et gaziers.
Au même moment, il a exprimé son opposition au Gouvernement congolais de vendre ou d’exploiter le pétrolier se trouvant dans les blocs 4 et 5 du Rift albertin, situé dans le parc national des Virunga, au Nord-Kivu. A l’en croire, l’exploitation de l’or noir dans ce joyau parc nuirait aux « intérêts environnementaux » des générations présentes et futures des populations du Nord-Kivu.
« Pour le moment, nous ne sommes pas d’accord que le pétrole soit exploité au Nord-Kivu par ce que les préalables ont été violés, notamment les intérêts de la communauté qui ne sont pas garantis dans ce processus. Il y aussi la question de la gouvernance, ça veut dire, le Gouvernement ne nous rassure pas que les recettes issues de cette exploitation vont avoir des retombées sur l’amélioration des conditions de vie de la population étant donné qu’il y a plusieurs ressources naturelles que le Gouvernement exploite partout à travers le pays mais les conditions sociales des populations sont restées toujours médiocres et donc, ça ne nous rassure pas d’appuyer un tel projet », a-t-il expliqué.
Et d’ajouter que :
« En décidant de vendre les blocs pétroliers qui se trouvent dans les aires protégées, le Gouvernement est entrain de violer ses propres lois par ce que la loi sur les hydrocarbures interdit l’exploitation du pétrole dans les aires protégées. Il est dit clairement que les limites des blocs pétroliers doivent respecter les aires protégées; il en est de même de la loi sur la conservation de la nature. On accepte pas les activités non compatibles à la conservation dans les aires protégées », a-t-il ajouté.
Cet éminent défenseur environnemental estime que les déplacements forcés des communautés, prévus dans le projet, peuvent entraîner une déstabilisation générale de « leurs modes de vie, qu’elles ne pourront plus reconstruire même après plusieurs années ». Il se réfère à d’autres situations historiques qui se sont passées en Ouganda, au Kongo Central et même au Niger.
« Les expériences vécues par les communautés du Delta du Niger, de Moanda en RDC, et celles du district de Hoima en Ouganda sont très éloquentes à ce sujet », martele Me Jovial Bakulu.
Kinshasa contredit ses lois
Malgré les valeurs exceptionnelles du Parc national des Virunga, le Gouvernement congolais aurait violé la loi N°11/009 du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement, s’il poursuit le projet de l’exploitation du pétrole dans cette aire protégée.
A son alinéa 33, cette loi précise que « est nul tout droit accordé dans les limites des aires protégées et zones interdites ».
Bien qu’en 2013, la société SOCO s’etait retirée dans le projet d’exploitation du pétrole dans le site des Virunga, le Gouvernement a fait un appel d’offres pour l’exploitation des blocs pétroliers qui y sont repérés. Même si le projet est déjà adopté dans le conseil des Ministres, les communautés locales et les organisations de la société ont déjà montré leur désaccord.
Magloire Tsongo à Goma