Mambasa est l’un des territoires les plus vastes de la République Démocratique du Congo (RDC). Situé dans la province de l’Ituri, à la limite avec le Nord-Kivu, ce territoire dispose d’un sol riche. Dans cette région, il pleut abondamment et les routes non entretenues sont devenues des casse-tête pour l’évacuation des produits agricoles.
Ce territoire est couvert par la forêt équatoriale que les agriculteurs coupent allègrement pour emblaver des nouveaux champs, de cacao notamment. Mais le territoire de Mambasa n’est pas très connu pour son cacao mais plutôt suite aux groupes armés dont les forces démocratiques alliées (ADF).
Bien que très riche en terres arables, ce territoire connait des affres, des massacres depuis plusieurs années. Aujourd’hui, les cacaoculteurs profitent de leur récolte à cette période. Malgré les menaces et massacres des hommes assimilés aux terroristes de l’ADF, les agriculteurs des chefferies de Babila Bakwanza, Babila Babombi produisent en grande quantité du « cacao », un produit agricole plus recherché sur le marché international.
Étonnamment, les groupes armés sont plus actifs dans cette partie à chaque fois que les agriculteurs entrent dans la grande saison de production. L’alerte est de John Vuleveryo, activiste des droits humains oeuvrant dans le territoire de Mambasa. A l’en croire, il y a actuellement une insécurité organisée, ce qui impacte négativement sur la récolte et la profitabilité des « cacaoculteurs » de la région.
« Nous sommes dans la grande saison du cacao dans le territoire de Mambasa et pendant cette période, généralement le cacao est produit en grande quantité par rapport à d’autres périodes de l’année. Les chefferies de Babila Bakwanza, Babila Babombi sont entrain de produire aujourd’hui du cacao en grande quantité. Le constat est que pendant plusieurs années, lorsque les agriculteurs entrent dans la grande saison de production du cacao, il y a une insécurité organisée au tour des villages et champs des populations agricultrices; ce qui impacte très négativement même aux différentes récoltes que les agriculteurs peuvent bénéficier par ce que de là on assiste à des tueries des civils en masse pour effrayer la population pour qu’elle quitte leurs champs et que la grande production revient au bénéfice de ces bandits que jusqu’aujourd’hui, on présume être des ADF alors qu’ils peuvent même d’autres personnes afin de tirer profit à la sueur des agriculteurs », a-t-il précisé.
Une forte production mais pour quel marché ?
Avec une forte production du cacao, le territoire de Mambasa ne dispose pas d’un marché où les cacaoculteurs peuvent écouler leurs produits à un prix abordable. Bien que la loi de l’offre et de la demande oblige, ceux-ci sont contraints de vendre leurs produits à un bas prix, plus pure encore, aux opérateurs économiques non reconnus par le Gouvernement congolais. Ceci se fait, par ailleurs de manière illicite.
Selon John Vuleveryo, le cacao de Mambasa ne respecte pas le « circuit économique », ce qui ne profite pas sérieusement aux cacaoculteurs. Tout en évoquant le besoin de création d’une coopérative agricole en faveur des cacaoculteurs, M. Vuleveryo explique que seule la société « ESCO Kivu » se donne à acheter le cacao de Mambasa. Économiquement, il s’agirait déjà d’un monopole où le marché n’est pas en concurrence pure et parfaite.
« On ne dirait pas qu’il y a vraiment un marché de cacao à Mambasa par ce que les gens qui se donnent cette tâche d’acheter le cacao des mains des agriculteurs ne sont que des opérateurs économiques qui, par moment, certains sont même illicites et qui ne sont même pas reconnus par l’État congolais et ce qui, par ailleurs, impacte sur le produit du cacao dans les entités. C’est un besoin important pour qu’il y ait un marché du cacao dans le territoire de Mambasa par ce que la seule entreprise ESCO Kivu qui se donne à acheter le cacao en travers le territoire ne parvient pas aux besoins de la population. Pour manque d’information, les agriculteurs ne sont pas constitués en coopérative pour ainsi jouir à d’autres avantages comme dans d’autres pays où l’agriculture a fait booster l’économie des familles, des provinces et territoires », a-t-il laissé attendre.
Selon les experts, la production du cacao implique une longue chaîne d’approvisionnement qui comprend les cultivateurs, les acheteurs, les transporteurs, les négociants , les collecteurs, les certicateurs, les transformateurs de stockage, les chocolatiers et les distributeurs. Dans la zone de Mambasa, il n’est pas évident de voir cette chaîne d’approvisionnement. Pour ce faire, l’activiste John Vuleveryo appelle à l’implication du Gouvernement congolais et de sécuriser par ailleurs les champs de la population civile.
« Les autorités devraient faire le plus rapidement possible et de manière la plus asudite protéger les intérêts des agriculteurs, protéger les champs des agriculteurs tels qu’ils ont eu à prester serment de protèger la population et leurs biens que de laisser les agriculteurs être massacrés, tués régulièrement », renchéri-t-il.
Magloire Tsongo, à Goma
