La ville touristique du Goma, au Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a abrité du 25 au 28 juillet 2024 la quatorzième (14ème) édition du « Forum Régional des Jeunes pour la paix et la cohabitation pacifique ». Plus de dix milles jeunes venus de tous les horizons de la région de grands lacs se sont rassemblés pendant 4 jours à la paroisse catholique de notre dame du Mont Carmel autour de l’évêque du diocèse de Goma et d’autres prêtres.
Organisé chaque année à quelques jours du dimanche des Rameaux sur l’initiative du Pape Jean-Paul 2, ce forum a pour but de mobiliser et sensibiliser les jeunes vivants dans la région des Grands Lacs à la culture de la paix et de la cohabitation pacifique, de créer un climat d’acceptation et d’accueil mutuel.
A l’occasion, des activistes climatiques réunis autour de l’ACEDH se sont également mobilisés contre l’exploitation du gaz méthane et le rejet du dioxyde de carbone (C02) dans le Lac Kivu. Tout en dénonçant les risques associés à l’exploitation du gaz dans le Lac Kivu, ces organisations ont tout de même souligné l’absence de mesures environnementales et sociales adéquates pour les communautés riveraines. A travers un stand environnemental, les organisations qui militent pour le climat ont exposé leurs préoccupations et proposé des solutions durables pour la préservation des écosystèmes et le respect des droits des populations locales.
Non à l’exploitation du gaz méthane
Me Jovial Bakulu, écologiste de Goma et membre de l’Alerte Congolaise pour la défense de l’environnement et les droits humains (ACEDH), a partagé ses inquiétudes sur les impacts de l’exploitation du gaz méthane et du C02 dans le Lac Kivu. Rencontré sur le lieu par le reporter de lafortunerdc.net, M. Jovial Bakulu a estimé que l’énergie du gaz est tout aussi problématique que le pétrole en termes de pollution de l’atmosphère.
Pour lui, l’exploitation de ces ressources fossiles dans le Lac Kivu pourrait aggraver les conditions climatiques en raison des émissions massives de gaz à effet de serre.
« Au-delà de l’aspect économique et l’écartement du danger dû à la probabilité de l’explosion du gaz, il faut savoir que le gaz méthane est une ressource naturelle qui va donner lieu à la collecte des recettes, et ces recettes là méritent de recevoir une bonne canalisation pour une bonne gouvernance pour qu’elles soient bénéfiques aux communautés riveraines. Mais l’aspect qui intéresse l’ACEDH dans tout, c’est le fait qu’on ne dit pas ce qui est prévu pour la protection de l’environnement qui sera coûte que coûte impacté par les rejets de 60 milliards de mètres cubes de gaz méthane et 300 milliards de mètres cubes de CO2 dans l’atmosphère. Ça va aggraver davantage les conditions climatiques. Pour nous, c’est une préoccupation majeure », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre :
« Pourquoi, on nous parle que des retombées économiques de cette exploitation du gaz et du dégazage de Kabuno par rapport aux risques d’explosion mais on ne parle pas de ce qui doit être fait pour atténuer les risques d’aggravation des conditions climatiques ? On ne nous parle pas de la façon dont seront gérés les impacts spéciaux de cette exploitation ? Les pêcheurs qui auront difficile à exercer leurs tâches par ce qu’on a maintenant 4 blocs gaziers. on doit nous parler également du risque d’atrophie des eaux du lac Kivu en cas d’une mauvaise extraction du gaz », a insisté Me Jovial Bakulu.
L’ACDH, aux côtés d’autres organisations, a exprimé sa ferme opposition du gaz dans le Lac Kivu. L’ACEDH estime que les blocs gaziers ont été vendus en toute illégalité, notamment, le non respect de la procédure prévue par le code des hydrocarbures, le non respect d’une évaluation environnementale stratégique préalable pour se lancer dans un projet aussi gigantesque, la non participation des communautés riveraines au Lac Kivu.
Pour rappel, Kinshasa aurait vendu quatre (4) blocs gaziers se trouvant dans le Lac Kivu, côté congolais. Malgré la mobilisation des personnes ayant occupé tour à tour au ministère des hydrocarbures, l’exploitation du gaz méthane n’a jamais commencé. Les populations riveraines se sont inscrits en faux contre cette exploitation. Pour elles, il y aura aucunement d’impacts sur leur vie socio-économique.
Magloire Tsongo à Goma