Le Bureau des Écologistes pour les Impacts Environnementaux (BEIE), une organisation congolaise de la société civile qui milite pour la protection de l’environnement a adressé une lettre ouverte à la Ministre d’État, ministre des Affaires Foncières, Acacia Bandubola .
Dans cette lettre, datée du 2 décembre 2024 et consultée par LaFortuneRDC.net , l’organisation attire l’attention de la patronne des affaires foncières en RDC sur un problème grave, notamment « l’octroi illégal » des titres fonciers dans la zone de Nzulo, située dans le groupement Kamuronza, dans la chefferie des Bahunde, en territoire de Masisi, dans le Parc National des Virunga, une aire protégée de renommée internationale. Ce bureau d’écologistes rappelle que le PNVi, classé patrimoine mondial de l’UNESCO, représente l’un des plus grands trésors écologiques de la RDC, abritant une biodiversité exceptionnelle, notamment des gorilles de montagne en danger critique d’extinction. La zone de Nzulo, qui fait partie intégrante de ce parc, est d’une importance capitale pour la préservation de cet écosystème unique.
Selon les informations rapportées par le BEIE, des services du ministère des Affaires Foncières continuent de délivrer des titres fonciers au village de Nzulo, en violation flagrante des lois et règlements en vigueur.
« Les bases juridiques qui protègent cette zone sont solides : la législation congolaise interdit formellement toute forme de désaffectation ou de cession de terres dans les aires protégées, en particulier en vertu de l’article 35 de la loi n°14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature. Cette loi stipule que les terres relevant des parcs nationaux ne peuvent être modifiées ou affectées à d’autres usages sans une procédure officielle de déclassement, un processus complexe qui n’a pas été respecté dans le cas de la zone de Nzulo », lit-on dans la correspondance.
Selon l’organisation, les conséquences de ces actes sont alarmantes. En plus de compromettre l’intégrité écologique du parc, l’octroi illégal de ces titres fonciers expose directement la faune locale à des risques de destruction de leurs habitats naturels, affecte les écosystèmes et menace la survie d’espèces en danger. Ce type de pratiques ouvre également la porte à l’exploitation des ressources naturelles de la zone, notamment l’exploitation forestière et minière, qui exacerbe la déforestation et la perte de biodiversité.
Le BEIE précise également que cette situation traduit une complicité entre certains agents de l’État et des intérêts privés, ce qui fragilise la « souveraineté » du pays sur ses ressources naturelles. Selon l’esprit du document, ces actes d’illégalité affaiblissent l’autorité de l’État et risquent de créer un précédent dangereux pour la gestion des aires protégées à l’échelle nationale.
Dans la correspondance, l’ONG appelle la Ministre d’État en charge des affaires foncières à prendre des mesures urgentes pour stopper ces violations. Elle demande « l’annulation immédiate » des titres fonciers délivrés illégalement et la mise en place d’une enquête approfondie pour identifier et sanctionner les responsables.
En outre, ce bureau d’écologistes plaide pour un renforcement des mécanismes de surveillance et de contrôle dans ces zones sensibles, afin de préserver l’intégrité du parc et protéger les moyens de subsistance des populations locales qui dépendent de ses ressources.
Au même moment, le BEIE recommande une collaboration renforcée entre les ministères de l’Environnement, de la Justice et de l’Intérieur, afin de garantir l’application effective des lois sur la conservation de la nature et la protection de l’environnement.
Signalons que depuis plus d’un mois, le Parc national des Virunga a lancé la campagne « Nzulo n’est pas à vendre », une façon de décourager les habitants de Goma de ne pas payer des espaces au village de Nzulo, reconnue par la loi, partie intégrante du Parc des Virunga.
Rédaction