L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) a animé un café de Presse ce vendredi 1er novembre 2024 dans la ville touristique de Goma. Les questions d’actualités au sein et autour du parc national des Virunga (PNVi) ont été au menu des échanges entre les représentants de l’institution et les journalistes de la capitale du Nord-Kivu.
Ceux-ci se sont beaucoup attelés à la la campagne de communication « Nzulo n’est pas à vendre », lancée samedi dernier. Selon Méthode Uhoze chargé des Relations extérieures au sein du PNVi, la population de la ville de Goma et partout dans la province devrait être vigilante face aux actes de spoliation des terres de Nzulo. A l’en croire, l’ICCN avait déjà gagné le procès et les effets y relatifs sont entrain de se poursuivre sur terrain.
« Je confirme que l’ICCN a gagné le procès. Le dernier arrêt est entrain de poursuivre ses effets sauf que le contexte sécuritaire de la province ne nous permet pas d’entamer les activités de destruction des maisons dans une zone pleine des Wazalendo non contrôlés, voilà pourquoi l’ICCN se réserve d’appliquer ce jugement. Dès que la situation sera opportune, le jugement sera exécuté », a-t-il précisé.
Et de poursuivre : « Nous avons lancé cette campagne pour que tout celui qui n’est pas informé soit au courant. La première phase de la campagne va prendre trois mois mais nous sommes entrain de penser que, tant que la dernière personne ne sera pas sur la vérité, la campagne ne prendra pas fin », a poursuivi M. Méthode Uhoze.
Corrélation entre la déforestation autour de Nyiragongo et le dossier de Nzulo
Lors de ce café de Presse, Méthode Uhoze est revenu sur la déforestation qui a été signalée à Kibati, au nord de la ville de Goma. Il regrette que les déplacés et certains habitants de zone puissent profiter du dossier de Nzulo pour « couper » des arbres et en faire des charbons en violation de la loi sur la conservation de la nature de la RDC. A haute voix, il a souligné que l’ICCN mettre fin à cette déforestation au même moment que le dossier de Nzulo sera clos.
« Il y a une déforestation qui s’observe au niveau de Kibati mais vous comprendrez que cette déforestation fait suite aux effets collatéraux de Nzulo. Quand les gens de Kibati voient ce qui se passe à Nzulo, ils se disent non, nous ne devons pas rester en retard. Emboîtons le pas. Donc, nous pensons que quand la question de Nzulo sera réglée, quand ils vont voir la partie où ils tireraient référence reprise par l’Etat, ils vont eux-mêmes se retirer. Mais pour le moment, nous continuons à mener des campagnes pour expliquer à ces déplacés de ne pas continuer à détruire la forêt. Vous avez constaté qu’il ne pleut plus à Goma, c’est une conséquence de la destruction de cette forêt autour du volcan Nyiragongo », a expliqué M. Uhoze.
La population de Nzulo viole les textes du pays
Dans l’arrêté royal du 15 mai 1950 modifiant et complétant le décret du 12 novembre 1935 relatif aux limites du Parc national des Virunga, le village de Nzulo appartient n’appartient pas aux autochtones. Ce texte inclue sans « ambiguïté » les terres de Nzulo à l’exception des collines de Nzulo, Kabazana, Mihonga et Kitwaru dans le Parc des Virunga.
Selon l’ICCN, aucune disposition légale n’a jusqu’à présent modifié cette situation.
Pour ce faire, Méthode Uhoze met en garde et rappelle certains officiers militaires ou membres du Gouvernement ou encore certaines opérateurs économiques, cités dans le dossier, que la Cour d’appel de Kalemire a réaffirmé la légitimité des dispositions légales existantes et a confirmé que les terres de Nzulo demeurent dans le domaine public de l’Etat congolais.
En outre, il a remis en cause les « présumés titres fonciers » octroyés aux personnes ayant déjà achetés des parcelles dans la zone de Nzulo. Tout se basant à l’article 25 de la loi sur la conservation de la nature de la RDC, M. Méthode précise que ces titres fonciers sont considérés comme des « papiers », surtout qu’ils sont délivrés dans une « aire protégée ».
« Nous sommes entrain de parler des questions légales. Et devant la loi, les grades ne sont pas connus. Le jour où on va appliquer la loi, on ne dira pas pour les hauts-gradés, on applique en moitié, pour les moins gradés on applique en totalité. Tous devant la loi, nous sommes des citoyens. Que chacun ne se fasse pas tromper pour dire non comme nous avons des officiers, je suis ses pas. Que les gens ne se fassent pas escroquer à cause de ça. Nous avons appris qu’il y aurait des titres. A l’ICCN, on les appelle des papiers par ce que la loi sur la conservation de la nature en son article 25 dit qu’un titre délivré dans une aire protégée est nul. Le propriétaire peut croire qu’il a un titre mais nous qui exécutons la loi sur la conservation, nous considérons ce titre comme un papier par ce qu’il n’a pas des valeurs », renchéri-il.
En attendant, les personnes occupantes les terres de Nzulo sont appelées à liquider leurs maisons avant l’exécution de l’arrêt de la justice.
Signalons que le village de Nzulo est situé dans le territoire de Masisi, à l’Ouest de la ville de Goma. Sur place, des nombreux habitants se réclamant « autochtones » ont érigé des maisons d’habitations. Ceux-ci revendiquent des droits de propriété sur Nzulo, ce qui n’a pas enchanté l’ICCN.
Magloire Tsongo à Goma