L’organisation GRECOM-RDC, en partenariat avec le ministère de la Pêche, de l’Élevage et celui de l’Environnement, a organisé ce vendredi 4 octobre 2024 un atelier de concertation à Goma, réunissant divers acteurs du développement agroécologique de la République Démocratique du Congo.
Dans une salle de l’hôtel Congo Uni, des représentants d’ONG, de services publics et privés, de coopératives agricoles, ainsi que des autorités coutumières et des populations autochtones ont débattu sur les modèles de développement visant à renforcer la résilience des communautés face aux changements climatiques, notamment à travers l’apiculture durable.
Cet atelier s’inscrivait dans le cadre des engagements du Gouvernement congolais lors de la COP28, où Kinshasa a lancé le « Country Package Fund » pour soutenir une nouvelle économie. Ayant déjà reçu une reconnaissance officielle du ministère de la Pêche et de l’Élevage pour ses initiatives à l’échelle nationale, GRECOM-RDC a, à travers cet atelier identifié les défis rencontrés par les petits producteurs des territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et de la ville de Goma.
Mme Déborah Nzarubara, coordinatrice de GRECOM, a précisé que l’atelier avait pour but d’aider les services de l’Etat à améliorer la qualité de leurs interventions et soutenir des solutions innovantes face aux enjeux climatiques. L’objectif est également de promouvoir des stratégies responsabilisant les acteurs publics et privés, en vue d’encourager les innovations technologiques dans les secteurs apicole et agricole à travers la RDC.
« C’etait un cadre d’échange entre les apiculteurs du Nord-Kivu et les autorités gouvernementales. Le but était d’abord de parler des vrais problèmes qui affectent les apiculteurs et de trouver ensemble des solutions durables. On a également eu l’occasion de discuter des pratiques durables sur lesquelles le gouvernement et les apiculteurs doivent s’adapter pour développer une apiculture générative qui permettra de faire avancer notre filière.Le problème majeur identifié était la non-identification des acteurs. En effet, les apiculteurs ne sont pas bien identifiés, ce qui a causé beaucoup de problèmes comme des tracasseries, des vols et des destructions malveillantes, parce qu’on ne sait pas qui est apiculteur et qui ne l’est pas. Même sur le marché, on constate des miels dénaturés, car on ne connaît pas les acteurs, les producteurs, les revendeurs, etc. C’est toute une chaîne de valeur », a-t-il expliqué.
Nyuki Tech, la solution pour les apiculteurs de la RDC
Pour structurer et résoudre les problèmes rencontrés par les apiculteurs, GRECOM-RDC a mis en place une carte dénommée « APICARD ». Selon Mme Nzarubara, cet outil permettra au gouvernement d’identifier le nombre exact d’apiculteurs et de réguler le marché du miel.
« Avec le Gouvernement, nous avons proposé la carte. Grecom a utilisé seulement sa technicité. La carte de l’apiculteur va permettre que chaque apiculteur soit bien identifié. C’est une carte qu’on appelle « APICARD », générée grâce à la technologie de Nyuki Tech qui permettra de connaître l’identité complète de l’apiculteur et de savoir même l’emplacement de la ruche, ainsi que d’autres informations très confidentielles et importantes de l’apiculteur afin que lui, son produit et son travail soient bien connus du gouvernement ainsi que d’autres acteurs d’appui. La carte APICARD a un code QR qui permettra qu’on ne puisse pas pirater ou accéder aux informations de l’apiculteur sans son consentement. Elle donne également toutes les informations importantes de l’apiculteur ainsi que la zone de pâturage de ses abeilles. Elle permet aussi de générer des statistiques capables de nous aider même dans les levées de fonds, et de connaître la capacité de production par producteur. Ainsi, nous pourrons prévoir la quantité que nous pourrons produire et mettre sur le marché », a martelé Mme Déborah Nzarubara.
Le Dr Adrien Katsomya Tsongo, chef de division provinciale de la Pêche et de l’Élevage, a salué l’initiative de GRECOM-RDC. Il a précisé que la carte sera accessible à tous les apiculteurs, sous certaines conditions, notamment le respect des réglementations en vigueur.
« Nous avons souvent des problèmes des acteurs dans le domaine apicole. Il y a des falsificateurs, des fraudeurs et la tracasserie. On appelle tracasserie par ce que souvent par ce qu’ils ne sont pas en ordre avec l’Etat. Ce n’est pas la première fois qu’on réfléchit sur ça mais nous avons essayé d’apporter des solutions. Comme solution, il y aura une carte qu’on appelle APICARD. Cette carte va nous permettre d’identifier chaque intervenant dans le domaine apicole surtout la province, éventuellement d’ailleurs sur toute l’étendue de la République. Ça va commencer par le Nord-Kivu. Ça nous permettra également de connaître les vrais statistiques de récemment », soutient-il.
Les apiculteurs saluent la solution technologie
Les apiculteurs se montrent optimistes face à ces avancées. Mme Alphonsine Rusaki, résidente du groupement Bukoma dans le territoire de Rutshuru, a exprimé sa satisfaction quant aux solutions technologiques présentées. Elle a affirmé que la carte pourrait alléger les contraintes auxquelles les apiculteurs font face.
« Nous étions en train de discuter de la vie que nous menons en tant qu’apiculteurs. Nous avons des sérieux problèmes partout où nous vivons. Nous produisons du miel mais nous avons du mal à écouler nos produits par ce que certains militaires et Wazalendo par ce qu’il s’agit d’une fraude, pourtant du miel que nous produisons à partir de nos ruches. Nous pensons que cette carte va beaucoup nous aider, surtout pour les apiculteurs de Rutshuru, Butembo,… Elle va nous permettre de passer à différentes barrières facilement et va effectivement rassurer les services de sécurité qu’on est réellement des apiculteurs. D’ailleurs si on vous arrête, la Direction de Grecom peut vous appeler ou intervenir pour vous libérer. En tout cas, elle va nous aider. Nous irons sensibiliser d’autres apiculteurs de Rutshuru et ailleurs pour la cause », se réjouit -t-elle.
Selon le responsable de GRECOM-RDC, la prochaine étape sera de se concerter pour fixer les modalités d’octroi de la carte, tout en tenant compte des conditions socio-économiques des petits producteurs.
Magloire Tsongo à Goma
