L’agriculture en République Démocratique du Congo (RDC) est une des principales activités économiques de ce pays, situé en plein coeur du continent africain. Ce pays avec une superficie de 2 344 kilomètres carré dispose des terres arables où la population locale pratique différentes cultures.
L’agriculture comprend deux secteurs de base dont les activités de substance, qui emploient la grande majorité de la main-d’œuvre, et les activités commerciales, orientées vers l’exportation et conduites dans des plantations. Avec une terre fertile, les agriculteurs et agricultrices de la RDC restent le groupe cible le plus important dans la lutte contre la pauvreté dans les ménages.
Dans la province du Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), l’on retrouve des communautés qui s’affichent et se donnent régulièrement à la pratique de l’agriculture. Bien que le ciel de 6 territoires que compte cette partie du pays est toujours déchiré par des des détonations en armes lourdes et légères, les habitants considèrent l’agriculture comme une activité principale et une opportunité d’affaires.
Sur place, les chevaliers de la plume s’en mêlent également. Après les micros, certains font régulièrement les champs en faveur de leurs enfants mais aussi gagner économiquement à partir de leur production agricole. C’est le cas de Katsuva Tsongo Vianney, journaliste de la Radio « RTEDH FM », une radio confessionnelle de la CBCA Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru. Grâce à sa contribution et implication dans le domaine agricole auprès des paysans, Vienney Tsongo dit Watsongo est lauréat du prix de la « Radio Rurale Internationale »(RRI) Canada, en 2021.
Pourtant engagé depuis son jeune âge, ce professionnel des médias est actuellement dans la ville de Goma comme « déplacé » après la prise de Kiwanja par les rebelles du M23. Passionné de l’agriculture, celui-ci n’a pas arrêté de pratiquer l’agriculture même sur les roches de la capitale du Nord-Kivu. Dans un entretien avec lafortunerdc.net, Tsongo Vianney relate son parcours depuis Rutshuru jusqu’à Goma.
LAFORTUNERDC: Depuis quand vous êtes dans la ville de Goma?
TSONGO Vianney : « Nous sommes en ville de Goma depuis le 30 octobre2022, donc une année déjà à Goma. Nous avons quitté Rutshuru fouillant les affres de la guerre. Vous savez lorsqu’il y a la guerre, chacun oriente ses décisions, soit partir ou rester. Nous nous avons jugé mieux de partir, mais nos familles restent encore à Kiwanja.
LAFORTUNERDC : Pourquoi pratiquez-vous l’agriculture même en ville de Goma? Est-ce une inspiration ?
Vianney Tsongo : Oui, nous la pratiquons mais pas comme on le faisait chez nous. A Rutshuru, on pratiquait une culture extensive comme nous avons des espaces à exploiter, mais ici à Goma on crée des espaces à exploiter pour des jardins potagers urbains. Des petits espaces pour y faire des maraichers. Comme des amarantes,tomates, poivrons et autres. Sont des petites activités que j’invite moi-même pour tenter tant soit peu s’adapter à la vie. Pour le moment à Goma, je fais la culture de tomates et amarantes.
LAFORTUNERDC :Pourquoi vous limitez-vous sur les jardins ?
Vianney Tsongo : Je me limite sur le jardin parce qu’à Goma je n’ai pas d’espace suffisant pour faire la culture ordinaire comme à Rutshuru. Une autre raison est que les maraichers sont rentables en ville de Goma; j’ai mené une étude moi-même en constatant que ça peut procurer de l’argent si on s’y met avec objectif. Bien que c’est aussi fatiguant, c’est avec du courage qu’on abouti à une chose. Et c’est un projet à impact rapide, comme les amarantes c’est juste 21 jours vous récoltez, la tomate c’est 3 mois ou deux mois et demi selon la variété choisie.
LAFORTUNERDC : Pratiquement, comment vous faites sans aucun technicien en agronomie ?
Vianney Tsongo : Vous savez monsieur, nous sommes des journalistes au micro et au terrain. Être journaliste ne signifie pas se laisser sans rien faire, beaucoup d’entre nous ne sont pas payés, l’activité que nous menons est un moyen de bord pour notre vie. On ne reste pas au micro en tout temps, on doit aller loin du micro tout en exploitant d’autres connaissances dans le domaine choisi. Voyez par exemple moi, suis journaliste agricole, pourquoi on m’appelle ainsi? Je m’habituait aux experts, paysans et d’autres personnes avec qui j’organisais mes émissions. Étant qu’agriculteur journaliste, j’ai développé cette idée qui m’a coloré ainsi. Je réalise même mes émission au champ dans des bassins de production à Rutshuru, ce qui a attiré beaucoup de paysans de ma zone. Ils se sentaient intéresser de moi car moi-même j’arrivais dans le champs avec ma houe. Des experts de Cederu kibututu 2008, Fopac 2013 m’ont inspiré beaucoup et j’ai beaucoup tiré des bonnes leçons. J’ai commencé moi-même à faire une culture extensive de maïs ZM625 et BAZOOKA sur un espace de 2 ha.Tu sais le rendement que j’ai eu là!!!! Moi-même j’ai fait une étude des chenilles légionnaires,et j’ai alerté. Grâce à moi,le gouvernement provincial a reçu la nouvelle et la situation a été décantée via PASA-NK. Donc être journaliste ne signifie pas rester les bras fixés sur le micro sans rien faire.
LAFORTUNERDC : Et comment vous ecoulez vos produits agricoles ?
Vianney Tsongo : Certaines gens pensent qu’être technicien agronome cela suffit. Dans le domaine agricole, le plus important c’est la pratique et son résultat visible. Oui je ne suis pas un agronome classique, mais je le suis théoriquement et visiblement. Beaucoup d’expérience que j’ai dans ce domaine en témoigne. Si tu arrivais dans mon champ à Rutshuru tu peut être étonné en voyant seulement comment poussent mes plantes. La technique s’apprend en cultivant ou en la pratiquant. Je peux vous donner un simple témoignage,j’ai été choisi un jour comme superviseur et contrôleur des champs auprès d’une entreprise semencière à Rutshuru du coté des ingénieurs agronomes qui ont aussi profité de mes connaissances dans le domaine. J’ai même mené cette campagne semencière(Job Seed Company et NASECO SEED). Chez moi, un agronome celui qui, par ses pratiques présente les résultats.Le peu que je gagne dans ce fameux service du journalisme m’aide à acheter certains semences. Mes 2 ha que j’ai à Rutshuru j’en ai gagné de la sorte. Je vais de pair moi, je fais l’agriculture et élevage (chèvres, cobayes). Malgré, nos produits agricoles sont confronté aux problèmes du marché,mais quand-même ils nous servent. Ici à Goma, dans 21jours je vais récolter les amarantes et en vendre, et les tomates en fin janvier, tout ça c’est de l’argent.
LAFORTUNERDC: Quel est le message aux journalistes congolais et à la population du Nord-Kivu ?
Vianney Tsongo : Comme conseil aux amis journalistes, qu’ils ne se penchent pas seulement sur le micro, il faut créer d’autres activités génératrices des revenus pour se servir. Le media ne nous défend pas de faire une autre activité comme on est journaliste. Et d’ailleurs on demeure célèbre lorsqu’on s’accroche dans un domaine dont on maîtrise bien. Je me suis accroché à l’agriculture où je traité les sujets de redaction, on est pas journaliste généraliste, il faut s’accrocher à un domaine dont tu maîtrise bien.
Entretien réalisé par Magloire Tsongo