A l’Est de la République Démocratique du Congo, des jeunes courageux se démarquent dans la sphère entrepreneuriale malgré l’activisme des groupes armés locaux et étrangers. Dans les rues de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu se cache un entrepreneur audacieux qui défie depuis le début de sa carrière les adversités avec ingéniosité.
Il s’agit de Kambale Kyalirwa Zephanie habitant du quartier Katoyi, dans la commune de Karisimbi. Bien qu’il est étudiant à l’Université de Conservation de la nature et de Développement de Kasugho (UCNDK), celui-ci s’est déjà taillé une place dans un secteur insolite mais lucratif. Il s’est démarqué dans le commerce des rats.
Dans un entretien avec LAFORTUNERDC.NET, Kambale Zephanie a trouvé dans la vente de ces rongeurs une source de revenus stable qui lui permet non seulement de subvenir à ses besoins quotidiens mais aussi de financer ses études à l’UCDNK où il fait la faculté de Biologie. Celui-ci a une particularité dans la cuisson de ses produits.
« Je fais le business des rats dans la ville. Je cuis une quantité , je mets de l’huile, de la tomate, de l’ail et d’autres ingrédients nécessaires. Après la cuisson, je les mets dans un sceau transparent de façon que tout le monde puisse voir ce qui se retrouve là de dedans et je porte une autre quantité des rats non cuits mais bien séchés au feu dans la malette pour ceux là qui veuillent faire une sauce à la maison. Après avoir fait celà, je commence le voyage pour le marketing en route, dans des magasins, dans des buvettes, dans des bars, etc… Le prix varie selon la taille du rat et selon l’espèce. Un grand rat cuit équivaut à 1000 FC et un petit à 500 FC mais il existe une espèce de rat en 8 dents (octamys tropicalis), c’est un nom scientifique. Il y a des prix pour ces rats », a expliqué Kambale Kyalirwa Zephanie.
L’histoire de Zephanie traduit sa résilience
La résilience de Kambale Zephanie est un témoignage vivant dans la ténacité de la jeunesse du Nord-Kivu. Malgré les défis sécuritaires persistants dans la région, M. Kambale Kyalirwa poursuit son activité avec détermination.
Il dit avoir commencé ce commerce en 2021. Il a été motivé par le nombre de demandeurs des rats sur le marché de la ville de Goma.
« Un grand nombre de gens mangent les rats mais les rats qu’ils achètent au marché, surtout vers Buhene ne sont pas bien conservés donc pas bien sechés au feu. Ils sont également exposés même au soleil. Une mouche peut venir déposer ses oeuf pour occasionner le pourrissement ou la maladie. Alors, moi j’avais constaté que la plupart de consommateurs aiment la viande de rats boucanés ou la viande séchée au feu. Si une fois, je prends soins de ça, les gens mangeront avec appétit et j’aurai emporter les consommateurs et tout ce qui peuvent la curiosité d’en manger. Beaucoup de paysans ont fait l’exode rurale pour se retrouver en Goma. Les rats étaient parmi la viande la plus consommée et facile à trouver pour certaines tribus, surtout quand ils cultivent les champs, les rats sont capturés et on revient du champ avec des rats qui feront la sauce le soir. Aujourd’hui, ils se retrouvent en ville et ne trouvent plus facilement. Quand je passe avec ça dans des quartiers, les vieux qui les piegeaient buen avant se souviennent directement de leur histoire« , soutient Kambale Zephanie.
Un homme qui inspire la communauté
Kambale Kyalirwa Zephanie brave les risques en se rendant régulièrement à Nyanzale dans le Rutshuru et Mweso dans le Masisi, deux territoires sous contrôle des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda pour être un vivier de rats et surtout s’approvisionner en quantités. Sur place, il collecte ses précieux stocks pour rapporter sa marchandise dans la ville touristique de Goma.
Son commerce n’est pas seulement une source de revenus pour lui-même, mais aussi un exemple inspirant pour d’autres jeunes confrontés aux mêmes difficultés.
« J’avais considéré une théorie française qui dit il n’y a pas de sot métier mais plutôt des sottes gens. Et jusqu’aujourd’hui , les gens se demandent si réellement j’étudie ou pas. Ils ne me comprennent pas par ce qu’ils savent que ce n’est pas un métier d’un étudiant. A mon âge, mes parents ne sont pas à mesure de me prendre en charge complètement mais avec cette initiative, je suis en mesure de me prendre en charge, de payer les syllabus même la moitié de mes frais académiques. Je les vends surtout les après midi après la faculté et quand on a pas cours. Mon commerce est rentable car la demande est élevée. Les rats cuits dont beaucoup consommés dans certains espaces de la ville au même titre que les brochettes et comme sauce du soir« , a-t-il rassuré.
Kambale Zephanie face aux difficultés de son métier
Courageux, M. Zephanie a d’énormes difficultés liées à son business. Il évoque la guerre dans les milieux d’approvisionnement et la Hauser de frais de transport. Pour lui, s’il n’y avait pas les affrontements, sa vie pourrait changer à la minute. A travers son commerce, il transforme les obstacles en opportunités et montre que le courage et la détermination peuvent ouvrir la voie à un avenir meilleur même dans une zone en proie à l’insécurité.
« Nous sommes dans un pays où le Gouvernement n’est pas à mesure d’encadrer toute la jeunesse. Alors, c’est à chacun de créer et voir comment gagner du savon. Ce sont les affaires négligées qui procurent plus de l’argent. Je demande aux jeunes d’éviter la honte plutôt de travailler », a insisté Kambale Zephanie en interpellant les jeunes de la capitale du Nord-Kivu.
Pour l’avenir de son business, Kambale Kyalirwa Zephanie envisage d’élargir son activité en explorant de nouveaux marchés potentiels. Tout en demandent au Gouvernement congolais une éventuelle subvention, M. Zephanie croit fermement en l’avenir prometteur de son business.
Magloire Tsongo à Goma