samedi, janvier 18

Sud-Kivu: les autorités congolaises sous pression après l’exfiltration des Chinois impliqués dans l’exploitation illégale d’or

« Congo Nouveau asbl », une organisation membre du consortium « Congo N’est Pas À Vendre » (CNPAV), a exprimé sa colère suite à l’implication des ressortissants chinois dans l’exploitation illégale des minerais dans la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

Lors d’un point de presse animé ce vendredi 17 janvier 2025 dans la ville de Goma, cette organisation a regretté que les Chinois arrêtés depuis le 20 décembre dernier au Sud-Kivu aient été exfiltrés par la Direction Générale des Migrations (DGM). Selon Emmanuel Ndimwiza, team leader Ressources Naturelles au sein de Congo Nouveau asbl, cette exploitation illicite des minerais au Sud-Kivu prive la population des bénéfices légitimes de ses richesses et constitue une spoliation des ressources naturelles de la RDC.

 « […] Face au flou entourant cette affaire, notamment l’exploitation illégale des minerais congolais et l’exfiltration de ces ressortissants chinois, vraisemblablement aidés par certaines autorités étatiques, Congo Nouveau asbl exige que toute la lumière soit faite sur cet incident. Cette situation déplorable s’apparente à un acte de corruption, reflète une mauvaise gestion des affaires publiques par les autorités concernées et risque de priver les Congolais des ressources nécessaires pour accéder aux services sociaux de base tels que la santé, l’éducation, l’eau, la création d’emplois et les infrastructures d’intérêt général », a regretté Emmanuel Ndimwiza.

L’exploitation minière impacte négativement la biodiversité du pays

Scientifiquement, l’extraction minière, qu’elle soit à ciel ouvert ou souterraine, entraîne la destruction directe des écosystèmes. Les forêts, les savanes ou d’autres habitats naturels sont souvent dévastés pour ouvrir des sites d’extraction, ce qui réduit les espaces disponibles pour la faune et la flore. En outre, les activités minières libèrent des métaux lourds, des produits chimiques et des déchets toxiques dans l’environnement. Ces polluants contaminent les cours d’eau et les sols, nuisant à la faune aquatique, à la flore et aux populations animales et humaines avoisinantes.

Les infrastructures liées à l’exploitation minière, telles que les routes, les chemins de fer et les installations industrielles, fragmentent les habitats naturels. L’exploitation minière, en particulier celle des énergies fossiles, contribue aux émissions de gaz à effet de serre, entraînant des changements climatiques qui affectent les écosystèmes et la biodiversité à l’échelle mondiale.

« Toute exploitation des minerais impacte négativement l’environnement parce que c’est dans des rivières qu’on exploite ces différents minerais. Lorsqu’on exploite, que ce soit dans les rivières, dans les montagnes, dans les forêts, c’est toujours de la biodiversité qu’on détruit. Donc, l’exploitation de l’or a un impact sur la biodiversité. Dans d’autres pays, là où les autorités sont responsables, il y a toujours de l’argent investi en faveur des générations futures. Mais, malheureusement, dans notre pays, lorsqu’on investit, c’est de l’argent qui est détourné. C’est le cas de la GECAMINES », rappelle Emmanuel Ndimwiza.

Pour mettre fin à toutes ces irrégularités, Congo Nouveau asbl exige une enquête parlementaire dans la province du Sud-Kivu pour établir les responsabilités. L’organisation souhaite que les responsables soient traduits en justice et que des « sanctions exemplaires soient imposées aux coupables ».

« Nous voulons que des enquêtes approfondies soient menées dans cette partie du pays et ailleurs afin de démanteler tous les réseaux similaires qui font perdre à la RDC les ressources nécessaires à son développement. Que les autorités congolaises mènent une lutte contre l’exploitation illégale des minerais de la RDC. Si rien n’est fait ou si les enquêtes sont menées avec complaisance, Congo Nouveau considérera que la complicité se situe au sommet de l’État. Dans ce cas, Congo prendra à témoin l’opinion nationale et internationale sur cette situation d’exploitation illégale des minerais, qui s’éloigne de l’initiative pour la transparence des industries extractives dont la RDC est membre », insiste l’organisation.

Pour rappel, dix-sept opérateurs miniers chinois, accompagnés de dix Congolais, dont des interprètes et des chauffeurs, avaient été présentés en décembre dernier à la presse après leur interception dans le village de Karhembo, en territoire de Walungu. Selon les autorités provinciales, ces ressortissants chinois auraient exploité de l’or pendant quatre ans dans le territoire de Walungu, et cela de manière illégale. Le 4 janvier dernier, un autre groupe d’exploitants illégaux composé de trois Chinois avait été arrêté avec une somme d’argent estimée à 400 000 dollars américains et 10 lingots d’or. Bien que le premier groupe ait été exfiltré via la frontière du Rwanda, le deuxième groupe reste entre les mains de la justice congolaise.

Magloire Tsongo, à Goma

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