Depuis l’indépendance de la République Démocratique du (RDC) en 1960, le pays a traversé de nombreuses phases politiques, souvent marquées par des tentatives de réforme constitutionnelle sans véritable rupture avec les structures anciennes.
Julien Paluku Kahongya ancien Gouverneur du Nord-Kivu et actuel Ministre du Commerce Extérieur plaide pour un changement radical. Pour lui, le système politique mis en place depuis la constitution de 2006 a échoué à résoudre les problèmes fondamentaux de la RDC. Celui-ci plaide pour la refondation politique à travers l’instauration d’une « 4ème République ». Au coeur de la proposition de Julien Paluku se trouve le fédéralisme, un modèle qu’il considère comme mieux adapté aux dimensions et aux particularités de la République Démocratique du Congo. En tant qu’ancien Gouverneur du Nord-Kivu, une province aussi grande que le Rwanda et le Burundi réunis, Paluku estime que la gestion du pays nécessite un système fédéral, capable de répondre aux besoins spécifiques de chaque région tout en consolidant l’unité nationale.
« Cette République est importante, 64 ans après, parce-que les 3 autres Républiques n’ont pas été une panacée pour les multiples problèmes.Maintenant, le contenu de ce texte qui doit fondé la 4 ième République, devra s’inscrire dans la dynamique enclenchée par le Président de la République, lorsqu’il appelle à la constitution d’une commission. C’est cette commission qui devra donner le Contenu à cette 4 ième République. A mon humble avis, ni l’État unitaire fortement centralisé, ni l’État unitaire fortement décentralisé n’ont constitué de réponse au problème quotidien des congolais », a expliqué Julien Paluku.
Et de poursuivre :
« Pour moi, l’unique voie par laquelle, nou devons expérimenter d’autres mécanismes, à l’instar du Fédéralisme, parce que pour avoir été Gouverneur pendant 12 ans, j’ai dirigé le Nord-Kivu qui a une superficie de 59.000 Km2, c’est le Rwanda et le Burundi reunis.Je considère à cet effet, autant l’ex-province orientale avait la dimension de la France, autant l’ex-equateur avait la dimension du Portugal. Et donc, je crois que l’expérience des USA avec les États fédérés pourraient inspiré l’expérience nouvelle de ce que j’appelle VIVEMENT LA QUATRIÈME RÉPUBLIQUE. Et, nous ne pourrions pas avoir de la honte à nous retrouver autour d’une table de réflexion pour en parler, parce-que il ne faudrait pas qu’on nous interdise, nous congolais du 21 ième siècle de réfléchir sur les textes fondateurs qui doivent diriger la République que nous voulons; Parce-que d’autres qui ont réfléchi, ne sont pas plus intelligent (s) que nous, pour penser que nous devons, ne nous retrouver que dans le schéma que eux, ont tracé », a-t-il poursuivi.
Un débat inclusif pour une refonte politique
Julien Paluku appelle également à une réflexion politique inclusive et à la constitution d’une commission d’experts. Celle-ci devrait regrouper des personnalités ayant une expérience avérée dans la gestion publique, telles que des anciens Gouverneurs, Présidents d’assemblées provinciales et chefs de Gouvernement. Pour lui, l’enjeu n’est pas de réformer la constitution de 2006, mais de construire une nouvelle république. Ce processus doit dépasser les réformes superficielles et envisager une refonte compte du système politique, pour en faire un modèle adapté aux défis actuels de la RDC.
« Nous ne pouvons pas laisser la définition du futur politique du pays aux néophytes. Ce n’est pas une question de simple, mais de refonte totale du système », précise-t-il.
Un timing propice pour une réforme profonde
L’ancien Gouverneur du Nord-Kivu estime que le moment est particulièrement propice pour engager cette réflexion. Contrairement à certains analystes qui craignent que de telles discussions ne servent de prétexte à un glissement du mandat présidentiel, Julien Paluku plaide pour un débat politique apaisé, débarrassé des passions et des arrières-pensées politiques.
« […] On dit souvent qu’il ne faut pas parler de la Constitution dans le temps suspect. Ici, nous ne sommes pas dans le tempore suspecto, comme on dit. Nous sommes en début de mandat. On ne peut pas croire qu’on le fait parce-que on vise le glissement. C’est donc un contexte qui s’y prête bien parce-que nous ne sommes qu’au début d’un mandat. C’est le moment favorable de réfléchir tête froide sur le texte fondateur qui doit être celui de la République Démocratique du Congo. Vivement les intelligences pour se retrouver, à partir du mois de Janvier 2025, afin que ces intelligences, parmi lesquelles, je souhaite qu’il y ait des anciens Gouverneurs, des anciens Présidents des assemblées provinciales, des anciens Présidents des chambres parlementaires, des anciens Premiers Ministres, Chefs de Gouvernement, et d’autres intelligences qui ont eu à exercer le Pouvoir d’État à des niveaux differents pour que cela donne, en fait, la lecture de la l’expérience de la gestion d’un État.Parce-que, si on doit rassembler des néophytes, qui n’ont jamais exercés le pouvoir d’État, nous nous l’avons exercé en tant que Gouverneur, et bien, ils vont se retrouver dans une sorte d’élucubrations conceptuelles pour pondre encore une fois un texte inadapté aux réalités Congolaises.Et donc, je pense que sans faire nous même l’apologie de ce que nous pourrions apporter comme contribution, on devra identifier ceux qui ont été à l’exercice du pouvoir, depuis 1960 dans tous les schémas qui ont été placée par la République pour que cela soit ceux qui fondent la Commission qui doit réfléchir.Pas des gens qui n’ont pas d’expériences de gestion administrative et politique de la RDC, pour parler d’une gestion politique à venir, alors qu’ils n’en connaissent les écueils », indique Julien Paluku.
Appuyant l’initiative du Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a récemment proposé la création d’une commission pour réfléchir à l’avenir institutionnel du pays, Julien Paluku espère que cette démarche débouchera sur une réforme politique ambitieuse et adaptée.
« Voilà ma contribution pour non pas appeler à une RÉVISION CONSTITUTIONNELLE, mais à une RÉPUBLIQUE, qui sera la 4 IÈME.Et si, le Président Félix-Antoine TSHISEKEDI est l’oiseau rare pour nous ramener vers la 4 ième République, que Dieu le bénisse », a renchéri Julien Paluku.
Magloire Tsongo à Goma