A la suite du rebond d’une insécurité grandissante au sein de la Réserve Naturelle de Tayna, RNT, caractérisée par le vandalisme, des troubles de l’ordre public et l’incendie des bureaux administratifs de l’Etat à Fatua, village Banangungu, Groupement Munzoa et un poste de patrouille de la Réserve des Gorilles de Tayna dans le Groupement Luenge en Chefferie des Bamate, Territoire de Lubero, l’Organisation Non Gouvernementale International Center for Peace and Environment Protection by Peasant Communities, ICPEP/ONG-DH/DRC appelle l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature à ordonner la suspension en province du Nord-Kivu des activités des organisations pointées du doigt dans la manipulation des populations riveraines dans cette entité.
Dans une lettre de dénonciation adressée au Directeur général de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature dont notre rédaction a reçu copie ce 31 octobre, certains responsables des organisations locales et leurs partenaires dans la zone sont sommées d’être à base de l’instrumentalisation des riverains contre les actions de développement posées par la Reserve des Gorilles de Tayna. Des actes qu’elle juge contraire à la loi et commis par gens qu’il qualifie des ennemis du développement communautaire et de paix dans les entités coutumières de ladite Reserve.
En effet, en date du 28 juillet 2024, il s’était tenue à Fatuwa, Villages des Banangungu, Groupement Munzoa une réunion organisée par le Chef de Groupement Munzoa, Chef des Villages des Banangungu, et Président du Conseil d’Administration de l’Association Communautaire pour la Gestion de la Biosphère autour de Tayna (ACOGEBI). Un échange jugé d’être à la base des soulèvements populaires dans ce coin, selon les sources locales.
Bien avant de cette rencontre, le Chef de Chefferie des Bamate ayant appris sa convocation, par sa lettre N° : 5072/Rt 001/CBte/J.035/2024 du 28/06/2024, il avait demandé au Chef de Groupement de Munzoa de délocaliser la réunion vers un endroit plus au moins sécurisé et accessible par un grand nombre des participants , cela suite à des attaques des ADF et M23 en territoire de Lubero.
Ce qui est curieux, est qu’ayant reçu cette instruction de son chef hiérarchique, selon les sources bien informées, le Chef dudit groupement, avait, non seulement trempé dans l’insubordination, au mépris de l’autorité et désobéi à cet ordre de son Chef de chefferie des Bamate. Il lui est aussi reproché d’avoir tenu ladite réunion aux dates autres que celles inscrites sur les invitations signées par lui, en violant intentionnellement l’autorité de sa hiérarchie.
«Cependant, comme notre territoire, LUBERO, est menacé par les terroristes du M23 et ADF, sommes tous appelés à faire front commun pour faire échec à ces mouvement terroristes. Cela étant, je vous demande de délocaliser la dite rencontre pour un milieu sécurisé pour permettre à tous les invites d’y participer », a instruit le chef de Bamate.
Des sources concordantes, notent que ces incendies sont intervenus un mois seulement après que l’ONG HYFRO ait demandé à la ministre nationale de l’environnement et du développement durable, à travers sa correspondance, N/Ref :HYFRO/CA/KKA/45/2024 du14 juin 2024, son installation officielle en tant que gestionnaire de la Reserve Naturelle de Tayna, qu’elle estime porteuse d’un contrat de gestion signé le 15 Février 2020 avec l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature(ICCN).
«Nous sollicitons à son excellence Madame la ministre d’Etat et ministre de l’Environnement et du développement durable, l’Installation de l’HYFRO dont les communautés locales attendent avec impatience, considérant vos deux correspondances y afférentes, N /Ref579/CAB/VPM-MIN/EED/EBM/BMB/02/2021 du 02 décembre 2021 et Nº 383/CAB/VPM/EED/EBM/BMB/01/2022 du 28 mai 2022 adressées à Monsieur le Directeur de l’ICCN», peut-on lire dans ce document.
Plusieurs organisations de défense des droits humains dont ICPEP appellent à la poursuite des activités de la protection de la biodiversité dans cette aire protégée.
« ICPEP se rappelle que ce conflit entre RGT-HYFRO-ICCN avait déjà été clôturé à temps. Pour preuve, ICPEP relève que par sa lettre N/Réf.0371/ICCN/DG/OMN/05/011/2022 adressée en date du 12 Mai 2022 à Son Excellence Madame le Vice-Premier Ministre et Ministre de l’Environnement et Développement Durable, le Directeur Général de l’ICCN avait souligné, qu’en date du 08 avril 2022, une réunion technique de redynamisation de la gestion durable de la Réserve Naturelle de Tayna du 08 avril 2022 à Goma avait eu lieu avec les Chefs des Chefferies des BAMATE et des BATANGI, les Chefs terriens qui avaient cédé leurs terres pour la création de la Réserve, l’Administrateur du Territoire de Lubero, le Coordonnateur Provincial de l’Environnement, la délégation de l’asbl RGT, les Experts du Cabinet du Gouverneur de Province et les cadres de l’ICCN à l’issue de laquelle un rapport ad hoc de la mission fut établi et où il avait été retenu le refus et la méchanceté manifeste de l’asbl HYFRO de participer aux différentes réunions de dialogue successivement initiées par l’Exécutif Provincial du Nord-Kivu et la Direction Générale de l’ICCN comme un acte de sabotage et de mépris de l’autorité de l’Etat et l’engagement de l’ICCN à réorienter le contrat ICCN-HYFRO conformément à son objet social en lien avec l’hydraulique rural et renégocier avec la RGT afin de la mise à jour des clauses du contrat ICCN-RGT»,a éclaircit ICPEP dans une sa dénonciation.
Dans un autre document parvenu à notre rédaction, le chef de Groupement Munzoa à par sa lettre N/REF : 5072/GPT.M/03/M/2024 du 31/07/2024 transmis au Chef de Chefferie des Bamate, le rapport de la réunion du 26 au 28/07/2024 tenue à Fatua. Dans son rapport, l’auteur énonce que cette réunion tournait autour des enjeux cruciaux de développement de l’entité coutumière.
Dans sa défense, Il se résume avoir statué sur le programme routier de l’axe Bunyatenge-Luenge-Munzoa-Usala et que la « fiche de rapport mensuel du Barza» émise par la RGT a été perçue par la population locale comme une énième violation de ses droits sur ses collines et ensuite ayant poussé la population à brûler, le 28 juillet 2024, le bureau du Chef des Villages de Banangungu, construit par le financement de la RGT, considérant que ce bureau n’est rien, par rapport à l’engagement pris par la RGT en 2003.
Le même rapport poursuit que cette réunion avait suscité la population à considérer que la RGT n’avait plus qualité sur la gestion de la Réserve Naturelle de Tayna (RNT) dès lors que son contrat de gestion était déjà résilié ; que renouvelé ou pas, la RGT n’est plus la bienvenue pour la gestion de cette réserve et précise que la population a ainsi interdit à cette dernière d’exercer ses activités à Munzoa entier, notamment sur les collines abritant les gorilles et les chimpanzés.
«Dans la combinaison des faits ci-dessus étayés, il est évident que les actes d’incendie des bureaux administratifs des villages Banangungu à Fatua et des Villages Birwa à Kitowa, ainsi que de la maison de passage de la RGT à Kitowa ont été prémédités et planifiés au cours de la réunion dite de développement organisée en date du 26 au 28/07/2024, Pour soutenir cette position, Monsieur Tsongo Musioka Germain, président du Conseil local de la jeunesse de Munzoa, avait, par sa lettre N°REF :5072/CLJ-MUNZOA/2024 du 30/07/2024, a affirmé son soutien à exécuter toutes les décisions prises en l’encontre des gestionnaires de la RNT (RGT) et leurs complices, ces comportement et leur suite sont caractéristiques des faits d’association des malfaiteurs, d’incendie volontaire, de menaces d’attentat, punissables par la loi pénale congolaise », d’une lettre de dénonciation.
Bouleversés par cet événement, plusieurs couches de la population se sont prononcées quant à cet incident. Les propriétaires terriens de la Réserve Naturelle de Tayna (RNT) ont épinglé dans leur dénonciation un haut cadre de JGI-RDC, en complicité avec un des responsables de l’HYFRO, comme figurant parmi les instigateurs de ces actes répréhensibles.
A cette occasion, les 19 baraza sur les 21 existants signataires de la correspondance N/REF :018/TT/RGT-RNT/2024 du 04/08/2024, ont déploré un comportement qui selon eux, ne favorise pas la paix, la cohésion sociale et de développement de la coalition dans le but de déstabiliser la Réserve des Gorilles de Tayna, en rappelant que Fatua n’est qu’un village parmi tant d’autres, formant les 21 Baraza qui constituent la Réserve Naturelle Tayna (RNT).
Confrontant les faits ci-décriés à la législation congolaise en vigueur en RDC, l’article 103 du code pénal congolais dispose : « seront punis d’une servitude pénale de quinze à vingt ans ceux qui auront mis le feu à des édifices, navires, magasins ou tous autres lieux quelconques servant à l’habitation et contenant une ou plusieurs personnes au moment de l’incendie, soit à tous lieux, même inhabités, si d’après les circonstances, l’auteur a dû présumer qu’il s’y trouvait une ou plusieurs personnes au moment de l’infraction ».
Il sied de préciser que la Gestion de la RNT repose sur les actes d’engagement entre les 21 BARAZA et la RGT. La Déclaration finale de l’atelier sur la conservation entre la RGT et la population datant du 08 au 10 septembre 2008 qui garantissent par ailleurs la légitimité des terriens sur leurs collines et non le cautionnement de leurs terres.
Pour rappel, dans un contrat signé entre la RGT et l’ICCN en 2006, il est indiqué à son article 8 qu’il s’agit d’un contrat à durée indéterminée et qui ne peut être résilié que sur l’initiative de la Reserve des Gorilles de Tayna.
La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) Axes BAS-MUSINDI, a, par sa lettre N°Réf : 102/NSCC.AXES/2024 du 16 Août adressée au Chef de chefferie des Bamate déploré que la réunion qui s’était tenue à Fatua entre le 26 au 28 juillet 2024, organisée par le Chef de Groupement Munzoa et ses collaborateurs, prévue initialement comme réunion de développement a tourné à une réunion d’intoxication, « manifestation des enfants et manipulation de la population » qui a conduit à incendier les bureaux administratifs de l’Etat à Fatuwa et à Kitowa ainsi que la maison de passage de la RGT à Kitowa/Koweti, et de ce fait, cette structure a invité les acteurs de la paix à s’impliquer urgemment.
D’autres dispositions légales notamment l’article 104 du code pénal à son tour dispose : « seront punis d’une servitude pénale de cinq à quinze ans ceux qui auront mis le feu à des édifices ou tous bâtiments quelconques, appartenant à autrui et construits en matériaux durables, mais inhabités au moment de l’incendie. Si les édifices ne sont pas construits en matériaux durables, les coupables seront punis d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende de cent à deux mille francs ou d’une de ces peines seulement ».
Cette disposition est complété par l’article 156 dispose : « Toute manifestation formée dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés est une infraction qui existe par le seul fait de l’organisation de la bande ». L’article 157 poursuit : « les provocateurs de cette association, les chefs de cette bande et ceux qui y auront exercé un commandement quelconque seront punis de mort ».
L’article 158 chute en disposant : « Tous autres individus faisant partie de l’association et ceux qui auront sciemment et volontairement fourni à la bande des armes, munitions, instruments d’infraction, seront également punis de mort ».
Des témoignages sur terrain, ont révélé que certains anciens responsables et agents de la Réserve des Gorilles de Tayna(RGT), écartés de sa gestion pour fautes graves sont accusés de mainte tentatives de la ruse pour imposer à la population locale riveraine, un nouveau gestionnaire de la Réserve Naturelle de Tayna, (RNT), Hydrologiques Sans Frontières (HYFRO).
Bien avant, l’ONG de défense des droits de l’homme et de l’Environnement, SPEED avait recommandé à l’HYFRO de revenir à la raison pour éviter des probables soulèvements populaires des riverains tout en exigeant l’annulation pire et simple d’un contrat qui lie l’HYFRO à l’ICCN. Toutefois, ces évènements méritent une attention particulière des autorités congolaises en vue d’éviter la perte en vies humaines.
C’est ainsi que des organisations de défense des droits humains exigent l’interpellation des présumés auteurs des troubles par la justice congolaise et insistent sur le respect de la loi relative de la protection des espèces protégées dont les gorilles et les chimpanzés dans cette zone faisant la fierté de la République Démocratique du Congo.
La rédaction