Au total, neuf (9) députés provinciaux se sont levés contre les abus de pouvoir du Gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le Général Major Peter Cirimwami Nkuba.
Dans une correspondance adressée au Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, ce samedi 19 octobre 2024, ces élus ont dénoncé des « pratiques » qu’ils jugent contraires aux intérêts de la population, déjà éprouvée par les conflits armés et, surtout, par la criminalité urbaine. Les accusations formulées dans la correspondance comprennent la criminalité financière, la superposition de signatures, la multiplicité des taxes et la spoliation des espaces publics dans la province du Nord-Kivu.
Avec détermination, ces députés sont : Kambale Kiviri (Lubero), Kambale Makeusa Julio (Nyiragongo), Paluku Kalemire Abdoul (Coopté), Kasereka Mbafumoja Elie (Beni), Nafisa Ramazani Thérèse (Walikale), Kambale Kibakose Moïse (Butembo), Kakule Vwira Jean-Baptiste (Lubero), Mumbere Sikuli David (Lubero) et Muhindo Musitu Chaffy (Butembo).
« L’état de siège avait été instauré par le chef de l’État en 2021. Son souci était de protéger nos provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri des menaces. Tout en vous épargnant les détails, nous avons constaté que les autorités de l’état de siège, au lieu de s’occuper de la sécurité, se consacrent aux affaires ; elles embrouillent la population avec des travaux de construction de routes qui ne sont malheureusement pas achevés. Ces projets cachent, par-dessus tout, des détournements excessifs de biens publics ; la spoliation des concessions de l’État, la superposition des taxes et plusieurs autres mauvaises pratiques sont devenues leurs habitudes. La conséquence est que, même après l’état de siège, les successeurs de ce régime exceptionnel auront du mal à tenir leurs promesses, étant donné que toutes les taxes seront déjà nenties », a fait savoir Kambale Kiviri Joatham, élu du territoire de Lubero.
À haute voix, ces élus rappellent que la gestion financière de la province, sous l’état de siège, semble être en décalage avec les normes légales. Selon la loi des finances congolaises N°11/011 du 13 juillet 2011, l’ordonnancement de paiements permanents, tel que mis en place par l’administration militaire, soulève des inquiétudes quant à sa légitimité. Ils plaident pour une « transparence indispensable » dans la gestion des ressources publiques afin de protéger les droits des habitants du Nord-Kivu.
« En tant qu’élus du peuple, nous avons pensé qu’il ne fallait pas rester silencieux. Voilà pourquoi nous saisissons le chef de l’État pour lui peindre le tableau et l’éviter de dire qu’il n’était jamais informé de ce qui se passait dans la province. Enfin, au nom de la population du Nord-Kivu, s’il est arrivé que le peuple de cette province ait causé du tort au chef de l’État, c’est le moment de lui demander pardon, puisque la mesure de l’état de siège semble aujourd’hui être une punition. Que le chef voie comment l’assouplir au nom de ce pardon que nous, représentants du peuple, lui apportons », a déclaré Joatham Kambale Kiviri.
En exprimant leurs préoccupations, ces députés ne cherchent pas seulement à dénoncer, mais à initier un dialogue nécessaire entre le Président de la République et la population du Nord-Kivu, précise notre source.
Magloire Tsongo à Goma