Dans le cadre de la poursuite des activités de formation des journalistes sur les techniques de production des reportages de grande qualité, sensibles au conflit et au genre, les participants ont appris ce jeudi 20 juin 2024 les notions sur l’approche « Do no Ham en journalisme » ou « ne pas nuire » ou encore « ne fait pas du tort ».
Selon Horeb Bulambo journaliste chevronné, expert en contexte congolais et formateur en Capacités Locales Pour la Paix, l’approche « Do no Ham » ayant pris naissance dans le monde humanitaire met l’accent sur l’analyse de plusieurs aspects avant que les journalistes ne descendent sur terrain pour la collecte des informations. A l’en croire, le journaliste doit comprendre les connecteurs et diviseurs de chaque Communauté et autre sources.
Il s’agit notamment du background ou du passé d’une communauté, les systèmes et les institutions, les attitudes et actions, les différentes valeurs et intérêts, les différentes expériences ainsi que les symboles et occasions. Pour Horeb Bulambo, si le journaliste tient compte de ces aspects avant de faire ou interviewer les communautés, il aura facilement ses données et ne « sera pas une source de conflits ».
« Partout où nous operons, il y a toujours le contexte des conflits bien que celà soit invisible ou pas. Donc, il s’agissait d’aider les journalistes à comprendre comment analyser le contexte de conflit. Nous avons équipé les journalistes sur comment opérer sans blesser les gens, sans blesser les communautés. On les a aidé comment leur présence par ce qu’un journaliste est une ressource peut encourager la connexion ou la paix et peu diminuer les influences de tension. Quand vous analysez un contexte, vous devez savoir que chaque milieu, chaque communauté a son bacgraound, son passé, il faut avoir les institutions et les systèmes, il faut voir les valeurs et les intérêts. Il faut voir les expériences vécues, les symboles et les occasions », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « La formation sur le Do no Ham vise à transformer la manière dont les journalistes voient leur rôle dans la société. Nous encourageons une approche réfléchie et empathique qui ne compromet pas l’intégrité ni le bien-être des personnes que nous couvrons, et surtout dans le contexte congolais », poursuit-il.
Les journalistes congolais du Nord-Kivu face à un défis
Avec une forte expérience dans la réalisation des films, documentaires et même dans le monde humanitaire, M. Horeb Bulambo fait tout de même une analyse comparative entre le journalisme au Congo Kinshasa et ailleurs.
Pour lui, les medias congolais sont appelés à répondre ensemble avec l’armée à restaurer l’autorité de l’Etat et protéger l’intégralité du territoire national. A l’en croire, dans un tel contexte, le journaliste a du mal à être neutre, impartial dans sa façon de communiquer.
Sans « faire du tort », les médias congolais et surtout du Nord-Kivu doivent informer en accompagnant le Gouvernement congolais tout en respectant, bien-sûr la déontologie professionnelle.
« Les journalistes doivent rapporter des faits mais aussi comprendre comment leurs reportages peuvent influencer la perception publique et garantir des bonnes conséquences dans le futur. C’est une responsabilité énorme mais essentielle. Le journaliste du Nord-Kivu ne peut pas se comporter comme celui qui vit en Afrique du Sud. Le contexte n’est pas le même. C’est pourquoi, l’outil de l’analyse du contexte de conflits », a-t-il soutenu.
Pour rappel, la province du Nord-Kivu est, depuis plus de deux décennies est le théâtre de conflits et des crises humanitaires. Bien que les défis persistent, les journalistes doivent s’appuyer sur l’approche « Do no Ham » pour offrir un espoir tangible aux populations locales et, même des parties au conflit.
Magloire Tsongo à Goma